EXVAGUS

         A partir de 1995, je commence à semer des plaques de zinc dans la nature, plaques de 10x15 cm que j’utilise pour la gravure en taille-douce, tout d’abord dans une ancienne carrière de calcaire près de chez mes parents puis lors de mes voyages aux quatre coins du monde (Europe, Amérique, Afrique et Asie).
Je livre ces plaques à la nature pendant un temps (un jour, des mois, des années...) afin qu’elles révèlent les traces d’un lieu.
Travaillées par l’érosion, teintées par la flore, accidentées par la faune, une fois récupérées, je charge ces expériences de devenir gravures (tirages sur papier). Bien plus que vestiges matériels d’une archéologie ouvertement échafaudée, ces plaques, surfaces sensibles, ne sont pas simplement utilisées pour restituer les traces d’un environnement précis, mais plutôt pour relater les étapes de mon cheminement entrepris pour révéler l’empreinte du temps.

         Je confie aussi certaines plaques à des proches, famille, amis, rencontres lors de mes voyages. Je leur abandonne le choix du lieu et la durée de dépôt tout en les invitant à suivre mon mode d’emploi. Dès lors, ces plaques deviennent également une expérience propre à chacun. Expériences que je récupère(rai) pour procéder à des impressions sur papier et offrir un des premiers tirages à chaque partenaire en signe de correspondance et d’échange.


           Depuis maintenant quelques années, j’étends cette recherche à l’espace de mon atelier, lieu de recherche et d’expérimentation (mon laboratoire/ma grotte). J’y expose les plaques à des conditions artificielles (que je nomme "expériences in vitro").  J’observe et utilise les processus biologiques de dégradation de matières organiques et alimentaires (lait, thé, thon, riz, cadavre d’animal…) et leur action sur ces plaques.
À ce jour, plus de 180 plaques composent cette démarche.
Les pages qui suivent en rendent compte.